DMT-NAT : un nouveau revenu natif pour sécuriser Bitcoin

DMT-NAT

Depuis plusieurs semaines, je lis les mêmes articles sur Bitcoin. Toujours les mêmes sujets, les mêmes inquiétudes recyclées : des frais trop faibles pour rentabiliser le minage, une récompense de bloc qui diminue tous les quatre ans… La sécurité à long terme serait-elle menacée ? Ce débat tourne en boucle et passe à côté des solutions. Des innovations comme Ordinals et la Digital Matter Theory (DMT) proposent une approche radicalement différente de la création de valeur et ouvrent la voie à une nouvelle économie on-chain. Alors que Bitcoin tutoie les 100 000 $, ces pistes méritent mieux qu’une note de bas de page. Aujourd’hui, je vous parle d’un jeton fongible natif de Bitcoin, DMT-NAT, déjà actif sur le mainnet, qui pourrait compléter le revenu des mineurs sans toucher au consensus.

EN BREF

  • Le problème : à mesure que la récompense de bloc diminue, la sécurité de Bitcoin repose de plus en plus sur les frais… qui sont très faibles.
  • La théorie : beaucoup d’analyses alertent sur ce « talon d’Achille », mais peu explorent les solutions.
  • La piste DMT-NAT : issue de la Digital Matter Theory, elle considère les données des blocs comme une « matière première » et permet de créer des jetons non arbitraires (NAT).
  • Comment ça marche : Plus la difficulté de minage augmente, moins il s’émet de $NAT : un mécanisme stabilisateur.
  • L’intérêt pour les mineurs : $NAT peut leur fournir un revenu parallèle, sans hard fork, sans inflation et sans modifier le consensus.
  • D’autres pistes : les rare sats offrent aussi une nouvelle source de revenus pour les mineurs.
  • Une nouvelle économie émerge de la matière brute de Bitcoin : non seulement monétaire, mais aussi architecturale et culturelle.

Un problème ancien, une nuance nouvelle

Depuis sa création, Bitcoin repose sur une équation simple : les mineurs sécurisent le réseau en échange d’une récompense. Mais cette récompense décroît mécaniquement tous les 4 ans (tous les 210.000 blocs) : 3,125 BTC depuis avril 2024, et ce sera moins de 1 BTC en 2032, jusqu’à zéro en 2140. À terme, la récompense des mineurs, et donc la sécurité de Bitcoin, dépendra exclusivement des frais de transaction.

Or, ces frais sont historiquement bas (souvent autour de 1 sat/vB, voire moins).

Que se passe-t-il si l’incitation économique à miner s’affaiblit trop ? Les mineurs arrêtent de dépenser une énergie coûteuse pour valider les blocs. Pourtant, le réseau reste robuste : Hashrate record, montée des solutions de deuxième couche (Lightning, Liquid). L’écosystème s’ajuste et prouve une énième fois son exceptionnelle résilience.

Et quand bien même une baisse durable des frais pourrait provoquer la faillite de certains mineurs, le réseau est conçu pour s’ajuster automatiquement à ces variations du hashrate.

Mais cette dépendance aux seuls frais demeure un talon d’Achille. C’est là qu’entre en scène le DMT-NAT : un flux de revenus complémentaire, aligné sur la sécurité, sans inflation ni changement de consensus.

Une nouvelle matière première… numérique

La Digital Matter Theory (DMT) ou Théorie de la Matière Numérique part du postulat suivant : les données sont plus que de simples informations abstraites. Cette théorie étend l’utilisation que nous pouvons faire des données en leur attribuant des propriétés physiques dans un environnement numérique. Les données deviennent alors des supports de création, comme une matière première.

Appliquée à Bitcoin, cette théorie ouvre la voie à un écosystème d’applications basé sur les informations des blocs.

Il existe donc, au cœur même des blocs de Bitcoin, une « matière numérique » inexploitée. Des actifs correspondants aux données inscrites dans les blocs : hash, timestamp, difficulté, poids, frais… 

Je vous invite à lire mon article sur Bitmap pour bien saisir les principes de cette théorie.   

De cette approche naissent les Non-Arbitrary Tokens (NATs) : des jetons dont l’émission est déterminée par des lois internes au réseau, et non par la décision arbitraire d’un émetteur.

$NAT : un revenu parallèle pour les mineurs

Concrètement, $NAT dérive son émission du champ Bits, qui encode la difficulté du réseau. Bits est la représentation compactée de la difficulté, ajustée toutes les 2 016 blocs ; lorsque la difficulté augmente, Bits diminue et l’émission de $NAT ralentit mécaniquement.

Lire aussi mon article sur les Natcats : la première collection de NFT créée avec la matière numérique et dont l’offre repose sur la présence du motif « 3b » dans le champ Bits (en hexadécimal) associé à la difficulté de minage de Bitcoin.

Plus la sécurité de Bitcoin augmente, plus la création marginale de $NAT ralentit. Ce mécanisme stabilise l’économie minière : quand les frais sont bas, $NAT compense ; quand la difficulté grimpe, l’émission ralentit.

Les $NAT nouvellement émis sont attribués aux adresses coinbase (les mêmes qui reçoivent la récompense de minage : le mineur qui valide le bloc). Ce calcul est opéré par des indexeurs à partir du champ Bits, de manière déterministe. Grâce au protocole Ordinals, ces $NAT créent un « second revenu » pour les mineurs, sans hard fork, sans toucher au consensus, et en parfaite continuité avec la dépense énergétique déjà réalisée.

La société de minage AntPool a récemment vendu l’équivalent de 16000$ de jetons $NAT, permettant ainsi de valider ce nouveau modèle de rémunération. .

Une solution pragmatique pour la sécurité de Bitcoin

L’intérêt de $NAT est d’apporter un réalisme économique au modèle de sécurité de Bitcoin.

Plutôt que de spéculer sur une baisse (ou une hausse) indéfinie des frais ou d’imaginer des solutions intrusives (inflation résiduelle, changement de protocole), DMT-NAT propose un système parfaitement adapté :

  • native du protocole (puisée dans les données de Layer 1) ;
  • vérifiable par n’importe quel indexeur ;
  • distribuée aux mineurs qui sécurisent le réseau.

Si Bitcoin est l’or numérique, $NAT pourrait être l’argent, un actif dérivé, né de la même matrice, mais doté d’une fonction complémentaire.

Au-delà de Bitcoin : une leçon de conception économique

Le DMT-NAT illustre une tendance plus large dans la nouvelle économie numérique : la recherche de mécanismes non arbitraires pour générer de la valeur. Dans un monde saturé de tokens créés à volonté (pump.fun), souvent sans fondement, $NAT offre une rareté et une légitimité intrinsèques.

L’émission est déterminée par la chaîne (on-chain) et personne ne peut la manipuler. 

L’avenir de la confiance dans les réseaux distribués se jouera dans la capacité à ancrer la valeur dans des constantes immuables.

D’autres pistes de rémunération pour les mineurs

Enfin pour clore cet article, il me semble impératif de parler des rare sats, puisqu’ils constituent eux aussi un nouveau modèle de rémunération pour les mineurs

Si Bitcoin est l’or, $NAT l’argent, les rare sats sont les diamants numériques

C’est quoi les rare sats ? 1 bitcoin = 100 millions de satoshis. Le protocole Ordinals permet de numéroter chacun des satoshis émis dans leur ordre de minage et donc de les identifier et de les suivre au fil des transactions. 

On peut alors identifier différents types de satoshis, et donc différents niveaux de rareté. 

ViaBTC, la société de minage qui a miné le 840.000e bloc en avril 2024, a empoché 41 BTC de récompense (un montant exceptionnel imputé à l’introduction des Runes sur Ordinals). Elle a récupéré le premier satoshi émis pour cette nouvelle période. ViaBTC l’a vendu quelques semaines plus tard aux enchères pour la somme de 33 BTC. 

Un événement que j’avais anticipé et documenté sur Linkedin.

Vers une nouvelle voie pour l’économie de Bitcoin

Ce que révèlent DMT-NAT et les rare sats, c’est que l’économie de Bitcoin n’est pas un modèle figé, mais un écosystème capable de se réinventer à partir de sa propre matière brute

Loin des discours alarmistes qui répètent en boucle les mêmes inquiétudes, ces innovations montrent qu’il existe plusieurs voies pour renforcer l’incitation économique à sécuriser la première blockchain.

Alors que Bitcoin évolue au-dessus de 100 000 dollars et devient un actif stratégique mondial, il serait réducteur de le regarder uniquement par le prisme du réseau monétaire.

Une autre dimension émerge : celle de la transformation des données immuables de ses blocs en nouvelles sources de valeur. Ordinals, DMT, NAT, rare sats… autant de signaux que la prochaine phase de Bitcoin ne sera pas seulement monétaire, mais aussi architecturale et culturelle

Une nouvelle économie qui existe déjà dans les blocs émergera de la matière numérique.

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